G5 SAHEL - FRANCE : Affranchir en s'assumant ou demeurer dans une situation qui perdure.

Cet article fait un point sur la situation sécuritaire au sahel, en particulier au Mali suite à la convocation des présidents des cinq pays du G5 Sahel par le chef d'État français à une rencontre à Pau, en France, le 16 décembre prochain pour des "clarifications" relatives à la présence française dans la région.
Il fait également une synthèse du déclenchement de la guerre de 2012 à aujourd'hui en passant par l'intervention française, la création et la mise place de différents dispositifs sécuritaires et bien d'autres aspects.


La situation dans laquelle est plongé le Mali depuis 2012 n'est ignorée par personne.
Le nombre de militaires tués, le nombre de civils massacrés ne passent non plus sous l'ignorance de personne.


     BREF RAPPEL DU DÉCLENCHEMENT DE LA GUERRE AU MALI À LA CRÉATION DU G5 SAHEL, LA MISE EN PLACE DE L'OPÉRATION BARKHANE ET DE LA MINUSMA 

Nous savons qu'à l'origine cette guerre est née de l'arrivée des touaregs militaires de la Libye après la chute du leader libyen Mouamar KADHAFI en 2011 (pour qui ils combattaient depuis plusieurs années).

Se réclamant du sahel et reconnus par le chef d'État malien de l'époque, ils se sont plus vite rebellés contre l'État, avec l'appui du mouvement national pour la libération de l'Azawad (MNLA), après leur accueil et leur intégration par le même État.

Cette guerre a aussitôt pris une nouvelle dimension avec l'implication d'autres groupes, cette fois-ci extrémistes  (Ansar dine, Al-Qaïda au Maghreb islamique) œuvrant pour le Jihad et pour l'application de la 《charia》, entrés en guerre contre le même État et le monde en général.

Toutes ces aggressions multiples de l'époque ont  suffisamment mis en évidence l'incapacité d'un État se disant souverain à se défendre de lui-même contre l'ennemi, tournant à des révoltes contre le régime au pouvoir. Cela a ainsi fini par un putsch en mars 2012 dirigé par un jeune groupe de militaires dont Amadou Haya SANOGO à la tête avant de donner l'intérim de la présidence de la République à l'ancien président de l'Assemblée nationale Dioncounda TRAORE.

Il est important de rappeler que ce renversement de pouvoir a donné l'occasion aux rebelles d'envahir les régions du Nord et de se diriger vers la contrée Centre du pays.

Dans le souci de vite stopper les rebelles avant qu'ils n'aient le contrôle sur la totalité du territoire malien, le président Dioncounda a sollicité l'intervention de l'armée française sous François HOLLANDE qui ordonna la conduite de l'opération Serval en janvier 2013. Cette opération avait certes reconduit les groupes armés à leur point de départ et mis le pays dans un état d'accalmie.

Cette intervention a par suite donné naissance à la mise en place d'une base militaire des forces françaises au sahel :      
       Opération Barkhane 



Tant la préoccupation de la communauté internationale et de l'ONU, est mise en place en Avril 2013 la Mission multidimensionnelle intégrée des nations unies pour la stabilisation au Mali : MINUSMA
Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali

Quelques temps après, se sentent concernés d'autres pays faisant partie du sahel : le Burkina Faso, la Mauritanie, le Niger et le Tchad.
On assiste à la création d'un cadre institutionnel de coordination et de suivi de la coopération régionale en matière de politiques de développement et de sécurité, lors d'un sommet du 15 au 17 février 2014 par les cinq États du Sahel :
        G5 Sahel 《G5S》



UNE SITUATION QUI PERDURE MALGRÉ PLUSIEURS STRUCTURES D'INTERVENTION MISES EN PLACE : 
GROGNE SOCIALE ET MANIFESTATIONS CONTRE FORCES ÉTRANGÈRES 

Avec tous ces dispositifs sécuritaires mis en place, les populations des pays en situation de guerre (Mali, Burkina Faso et Niger notamment) sont dans un état tantôt calme tantôt troublant par des attaques perpétrées dans des intervalles plus ou moins longuement variés. Tant un sentiment de doute chez les populations de l'efficacité et du but réel de la présence des troupes étrangères sur leurs territoires.

Nous avons vu comment l'insécurité au Mali fut accentuée et étendue jusqu'au Centre ces dernières années. Des villages entiers furent détruits : Ogossagou, Sobane ; pour ne citer que ces deux.

Cette recrudescence d'événements tragiques a ainsi suscité des révoltes de la part des populations à travers des manifestations plus ou moins violentes demandant le départ des troupes étrangères des sols sahéliens.


Bref, toutes ces images illustrent à suffisance combien les populations sont remontées contre les troupes étrangères.



SEMBLANT DE COLÈRE CONTRE COLÈRES 

C'est à la suite de toutes ces manifestations contre les forces étrangères et spécifiquement d'un accident d'hélicoptères coûtant la vie à 13 militaires français que le président français décida de rencontrer les chefs d'État des 5 pays du G5 Sahel à Pau, en France, le 16 décembre prochain pour des "clarifications" relatives à la présence française dans la région.

Les propos apportés ci-dessous émanent de 《www.bbc.com》postés le 04 décembre 2019.


C'est d'un ton ferme que le président français Emmanuel Macron a annoncé, mercredi à l'issue du sommet de l'Otan tenu au Royaume Uni, son "invitation" lancée aux présidents africains engagés dans le G5-Sahel, à savoir la Mauritanie, le Mali, le Burkina, le Niger et le Tchad.


"J'attends d'eux qu'ils clarifient et formalisent leur demande à l'égard de la France et de la Communauté internationale. Souhaitent-ils notre présence? Ont-ils besoin de nous ?"

"Je ne peux ni ne veux avoir des soldats français sur quelque sol du Sahel que ce soit alors que l'ambiguïté persiste à l'égard des mouvements antifrançais, parfois portés par des responsables politiques", a-t-il déclaré.


QUELLE DÉCISION ENFIN ? 

Il est évident que la situation sécuritaire du Mali est aujourd'hui pire qu'en 2013 et 2014.
Les solutions entreprises jusque-là n'ont pas été idoines, à telle enseigne qu'aujourd'hui l'on peut douter de la présence de toutes ces troupes étrangères de pouvoir résoudre le problème. 

Les pays du G5 Sahel, en particulier le Mali fait face à un moment crucial et très délicat de sa vie. On pourrait établir un lien entre ce dont il décidera à cette rencontre à Pau, en France le 16 prochain et son état de fonctionnement de demain. 

Des experts ont longtemps convenu qu'il y aurait peu de chance de pouvoir ramener au sahel un état de stabilité par le seul recours aux armes. Ceux-ci suggèrent qu'il faut passer par le dialogue avec les groupes armés.

Pour la part des responsables politiques, ceux-ci sont prêts à hypothéquer l'avenir du peuple pour se sauver le mandat. Les responsables politiques sont en bonne position de connaître ce que coûtent les maintiens de ces forces étrangères au budget de l'État avec une situation qui de plus en plus se degrade. 

Pour la part du peuple, il est le seul à décider de ce que sera son avenir tout en s'assumant. S'il faut dire à Dieu à la France et à la MINUSMA, que l'on s'assure d'avoir des moyens efficaces de négociation et de médiation. De toute façon l'incapacité de ces forces à elle seule de pouvoir résoudre le problème a suffisamment été prouvé. 

Commentaires

DIAKITE DIAK a dit…
C est vraiment très eclaircissant et compréhensible cet article.Merci beaucoup pour ton courage mon frère.
Seybou TRAORE a dit…
Merci de l'encouragement Docteur
Unknown a dit…
L'article nous a clarifié certains points de la Situation actuelle des pays du Sahel.Merci pour cet effort,et bon courage !
En se basant sur l'article que tu viens d'apparaître,qui parle d'une part de l'invitation des chefs d'Etat du G5sahel,le 16 prochain à Pau,en France par le présent français Emmanuel Macron,qu'aimerais-tu dire à Macron si toute fois tu étais à la place des 5 présents du G5SAHEL ?
Seybou TRAORE a dit…
Merci de votre commentaire, de votre encouragement et de m'avoir posé une telle question.

En réponse, je pense que j'ai touché à cet point tout juste à la fin de l'article.
Il faut tout d'abord concerter les experts en questions sécuritaires, les officiers de l'armée et la société civile pour parvenir à une décision que l'on présentera au président français. Cela doit être valable pour tous les chefs d'État des 5 pays concernés.

Puisque les forces étrangères ont montré leur insuffisance en ce qui concerne les attentes des populations avec tout ce que coûte leur maintien à l'État, je trouve qu'il y aurait peu d'issue de les toujours maintenir au Sahel.